Le Festival de Thessalonique fêtera son 60e anniversaire du 31 octobre au 10 novembre. Ce rendez-vous très cinéphile mise sur ses spécificités uniques pour marquer sa différence dans l’offre mondiale festivalière. Rencontre avec son directeur artistique, Orestis Andreadakis.
Le Festival de Thessalonique fêtera début novembre son 60e anniversaire. Comment souhaitez-vous marquer l’événement ? En regardant dans le rétroviseur pour revenir sur le chemin parcouru ? Ou en se focalisant sur l’avenir?
C’est une question que nous nous sommes évidemment posée. Le festival a une histoire extraordinaire. Mais avec toute l’équipe, nous avons décidé de regarder le futur. La question principale que nous aborderons pour cette célébration sera “Qu’est-ce que le cinéma aujourd’hui”. C’est un sujet immense, j’en conviens. Est-ce une séance dans une salle, est-ce la découverte d’un film sur un écran d’ordinateur, la série, la VR… Nous allons nous intéresser aussi aux rapports de l’image animée avec d’autres arts. Il est intéressant de noter que nombre d’installations muséales comme la Bienale de Venise sont aujourd’hui largement conçues autour de l’art.
Qu’avez-vous prévu pour marquer cette date ?
Nous sommes en contact avec beaucoup. Cet été, les salles vont être largement modernisées.
Comment avez-vous résisté à la crise financière qui a balayé la Grèce et mis à mal, entre autres, l’industrie du cinéma national?
Depuis quelques années, cela va mieux. Nous avons une aide du ministère de la Culture, de la région de Thésalonique, la Macédoine centrale, le programme Media et beaucoup de partenaires privées. Mais au cœur de la crise, nous avons fait beaucoup de coupes. Dans la communication, la partie festive. Notre priorité, c’était le personnel et le cœur du festival. Mais depuis trois ans, on rattrape le temps perdu. Et nous avons fêté aujourd’hui au Marché notre anniversaire.
L’autre particularité de votre festival c’est qu’il rayonne toute l’année…
A côté de l’événement, nous avons aussi le Festival du documentaire, un musée du cinéma et quatre salles qui fonctionnent à l’année. C’est une structure qui vit toute l’année.
Face à des rendez-vous comme Cannes, Berlin ou Venise, comment vous placez-vous?
C’est le public de Thessalonique qui fait la différence. Il est très cinéphile, curieux et ouvert. Il ne bénéficie pas, comme dans les grandes villes européennes, d’une offre très large de cinéma. Le festival attire en moyenne 82 000 spectateurs, celui du documentaire près de 72 000. Il rayonne sur huit salles. L’hospitalité de la ville, les tavernes, le climat doux fait la différence.
Berlin et Toronto se sont ouverts à la série. Pas Cannes. Quelle est votre position?
Nous sommes ouverts à la série. Sur notre marché, nous avons prévu une section pour l’offre fiction venue des régions Est de l’Europe, de la Méditerranée et du Maghreb.
Comment s’organise votre marché?
Il existe depuis une vingtaine d’années et se focalise sur les cinémas de notre région. Il y a des Work in Progress, des forums de pitches, mais aussi des Docs Work in Progress…
Vous souhaitez aussi mettre en avant le cinéma grec?
Je n’aime pas ce terme de Nouvelle Vague grecque. Ce cinéma aime défier toutes les conventions. De narration, d’image, de genre. Nous avons un Panorama qui présente tous les films grecs de l’année. En tout, nous proposons entre 160 à 170 longs par an. Et une moyenne de 14 titres, premiers et deuxièmes longs métrages, sont sélectionnés. Chaque année, cette compétition a un thème. Nous aimons les complications. Une année, la sélection a été construite autour du livre de Simone Veil, L’enracinement. Pour le documentaire, c’était La vie mode d’emploi de Georges Perec. Nous communiquerons bientôt les thèmes qui guideront la compétition en 2019.
Francois-Pier Pelinard-Lambert
© crédit photo : DR
[Αναδημοσίευση συνέντευξης Ορέστη Ανδρεαδάκη στο film francais]